Aller au contenu

Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 328 —


1676ont été, je crois, emportées par le grand vent : un père nous a dit que sa fille n’avoit que quinze ans, qu’il ne vouloit la marier qu’à vingt ; un autre, qu’il vouloit de la robe : au moins nous n’avons pas à nous reprocher que rien échappe à nos soins.

Adieu, ma chère enfant. Mon Dieu, en quel état ce songe m’avoit mise ! Croyez, ma bonne, qu’il n’est pas possible d’aimer quelqu’un comme je vous aime. Ne pensez pas que je puisse ni que je prétende vous dire à quel point vous m’êtes chère. Adieu encore une fois ma chère enfant : ne voulez-vous pas bien que je vous embrasse ? Une petite amitié à M. de Grignan et à Montgobert, dont vous ne me dites plus rien : comment se porte-t-elle ? Le bien Bon vous est tout acquis.

———
490. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ

Deux jours après que j’eus reçu cette lettre (n° 479, p 286), j’y fis cette réponse.

À Bussy, ce 9e janvier 16761.

Je reçus avant-hier votre lettre du 20e décembre, ma belle cousine, qui est une réponse à une lettre que je[1]

  1. LETTRE 490. — Dans le manuscrit de l’Institut, la date est le 30e octobre 1675 (voyez ci-dessus, p. 287, note 3), et le début de la lettre est tout différent de notre texte. Bussy suppose que Mme de Sévigné est à Paris. Ou bien il a réuni des billets écrits en des temps différents ; ou bien, et cela est plus probable, il a composé ce commencement après coup, au moment même où il faisait sa copie : « Je suis fort aise que vous soyez à Paris, Madame : nous y gagnerons tous deux. L’incommodité du Roi me donne du chagrin : un peu de fièvre n’est rien pour un particulier, mais elle est de conséquence pour un grand prince. Il ne faut pas trouver étrange que je l’aime après les traitements que j’ai reçus. Il ne m’a pas connu, et quand il me connoîtra, comme je l’espère, personne n’est plus capable de m’estimer que lui. Quand je vous ai mandé ma lassitude, etc. »