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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/360

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1676qui vous fait approcher le plus près de la convalescence et qui vous en retire le plus loin, qui vous fait toucher l’état du monde le plus agréable et qui vous empêche le plus d’en jouir, qui vous donne les plus belles espérances du monde et qui en éloigne le plus l’effet : ne sauriez-vous le. deviner ? jetez-vous votre langue aux chiens ? C’est un rhumatisme. Il y a vingt-trois jours que j’en suis malade ; depuis le quatorze, je suis sans fièvre et sans douleurs, et dans cet état bienheureux, croyant être en état de marcher, qui est tout ce que je souhaite, je me trouve enflée de tous côtés, les pieds, les jambes, les mains, les bras ; et cette enflure, qui s’appelle ma guérison, et qui l’est effectivement, fait tout le sujet de mon impatience, et feroit celui de mon mérite, si j’étois bonne. Cependant je crois que voilà qui est fait, et que dans deux jours. je pourrai marcher. Larmechin me le fait espérer : o che spero[1] ! Je reçois de partout des lettres de réjouissance sur ma bonne santé, et c’est avec raison. Je me suis purgée une fois de la poudre de M. de l’Orme[2], qui m’a fait des merveilles ; je m’en vais encore en reprendre ; c’est le véritable remède pour toutes ces sortes de maux : après cela on me promet une santé éternelle ; Dieu le veuille ! Le premier pas que je ferai sera d’aller à Paris : je vous prie donc, ma chère enfant, de calmer vos inquiétudes ; vous voyez que nous vous avons toujours écrit sincèrement. Avant que de fermer ce paquet, je demanderai à ma grosse main si elle veut bien que je vous écrive deux mots : je ne trouve pas qu’elle le veuille ; peut-être qu’elle le voudra dans deux heures.

  1. LETTRE 500. — Oh que je l’espère !
  2. Voyez la lettre du 11 mars suivant, p. 379, note I.