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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/371

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1676
de cet enfant : je la sens, et j’ai besoin de vos réflexions chrétiennes pour m’en consoler ; car quoi qu’on vous dise, vous ne le sauverez pas à huit mois[1]. J’aurois eu peur que l’inquiétude de ma maladie n’y eût contribué, sans que j’ai trouvé qu’il y a eu quinze jours d’intervalle. Enfin Dieu soit loué et remercié mille et mille fois, puisque ma chère Comtesse se porte bien ! Ma vie tient à cette santé : je vous la recommande, mon très-cher, et j’accepte de tout mon cœur le rendez-vous de Grignan.

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506. — DE CHARLES DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN..
Aux Rochers, dimanche 23e février.

Vous n’avez qu’à nous venir donner à cette heure des règles et des avis pour notre santé ; on vous répondra comme dans l’Évangile[2] : Médecin, guéris-toi toi-même. J’ai présentement de grands avantages sur vous ; tel que je suis, j’ai tant fait que nos gens sont présentement dans la plaine[3]. Ma mère se porte à merveilles ; elle prit hier, pour la dernière fois, de la poudre de M. de l’Orme, qui lui a fait des merveilles. Elle se promène dès qu’il fait beau ; je lui donne des conseils dont elle se trouve bien ; je n’accouche point à huit mois : après cela, je crois qu’elle se reposera sur moi de tout ce qui la regarde, et qu’elle méprisera beaucoup votre petite capacité, qui s’avise de

  1. LETTRE 505. Voyez la lettre du 3 juillet 1677.
  2. LETTRE 506. Voyez l’Évangile de saint Luc, chap. iv, verset 23.
  3. Dans sa seconde édition, Perrin, pour éviter la répétition, a remplacé présentement par enfin, et cité le vers même de la Fontaine :

    J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

    (Le Coche et la Mouche, livre VII, fable ix.)