Je me porte très-bien ; mais pour mes mains, il n’y a ni rime, ni raison. Je me sers donc de ma petite personne pour la dernière fois : c’est la plus aimable enfant du monde ; je ne sais ce que j’aurois fait sans elle : elle me lit très-bien ce que je veux ; elle écrit comme vous voyez ; elle m’aime ; elle est complaisante ; elle sait me parler de Mme de Grignan ; enfin, je vous prie de l’aimer sur ma parole.
Je serois trop heureuse, Madame, et je crois que vous enviez bien le bonheur que j’ai d’être auprès de Madame votre mère. Elle a voulu que j’aie écrit tout le bien de moi que vous voyez ; j’en suis honteuse ; mais je suis bien affligée de son départ[1].
La petite fille a voulu discourir, et je reviens à vous, ma chère enfant, pour vous dire que, hormis mes mains dont je n’espère la guérison que quand il fera chaud, vous ne devez pas perdre encore l’idée que vous avez de moi : mon visage n’est point changé ; mon esprit et mon humeur ne le sont guère ; je suis maigre, et j’en suis bien aise ; je marche et je prends l’air avec plaisir ;
- ↑ LETTRE 517. — Dans la seconde édition de Perrin (1754), ce paragraphe commence ainsi : « Je serois trop heureuse, Madame, si