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1676et si l’on me veille encore, c’est parce que je ne puis me tourner toute seule[1] ; mais je ne laisse pas de dormir. Je vous avoue bien que c’est une incommodité, et je la sens un peu ; mais enfin, ma fille, il faut souffrir ce qu’il plaît à Dieu, et trouver encore que je suis bien heureuse d’en être sortie, car vous savez quelle bête c’est qu’un rhumatisme. Pour ce que vous me demandez[2], je vous dirai le vers de Médée

C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux.[3]

Je suis persuadée qu’ils sont faits ; et l’on dit que je m’en vais reprendre le fil de ma belle santé : je le souhaite pour l’amour de vous, ma très-chère, puisque vous l’aimez tant ; je ne serai pas trop fâchée aussi de vous plaire en cette occasion. La bonne princesse m’est venue voir aujourd’hui : elle m’a demandé si j’avois eu de vos nouvelles ; j’aurois bien voulu lui présenter une réponse de votre part ; l’oisiveté de la campagne rend attentive à ces sortes de choses ; j’ai rougi de ma pensée ; elle en a rougi aussi : je voudrois qu’à cause de l’amitié que vous avez pour moi, vous eussiez payé plus tôt cette dette. Elle s’en va mercredi, à cause de la mort de Monsieur de Valois ; et moi, ma fille, je pars mardi pour coucher à Laval. Je ne vous écrirai point mercredi, n’en soyez point en peine. Je vous écrirai de Malicorne[4], où je me reposerai deux jours. Je commence déjà à regretter mon petit secrétaire. Vous voilà assez bien instruite de ma santé ;

    cela étoit : je crois, etc. » Il se termine de la manière suivante : « J’en suis assez honteuse, et très-affligée en même temps de son départ.

  1. « Parce que je ne puis me tourner dans mon lit toute seule. » (Édition de 1754.)
  2. « Quant à la question que vous me faites. » (Ibidem.)
  3. Acte V, scène vi du Thésée de Quinault.
  4. Voyez tome II, p. 224, note 3.