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1676œuvre. Voici un étrange carême pour moi[1]. Mme de Lavardin vous écrit un billet, dont je ferai tenir la réponse plus naturellement que celle de Bussy. Le chemin que vous prenez tous deux pour vous écrire est fort plaisant[2]. Vous savez bien que M. de Coetquen est arrivé à Paris en même temps que M. de Chaulnes ; leur haine, et les mémoires qu’a donnés Coetquen, feroient une belle scène, si le Roi les vouloit entendre tous deux. On me mande aussi que M. de Rohan a quitté le service, pour n’avoir pas été fait brigadier : vous verrez que la mode des volontaires reviendra. Adieu, ma chère Comtesse, en voilà assez pour aujourd’hui.

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520. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, mercredi 8e avril.
de madame de sévigné.

Je suis mortifiée et triste de ne pouvoir vous écrire tout ce que je voudrois ; je commence à souffrir cet ennui avec impatience. Je me porte du reste très-bien ; le changement d’air me fait des miracles ; mais mes mains ne veulent point encore prendre part à cette guérison. J’ai vu tous nos amis et amies ; je garde ma chambre, et suivrai vos conseils, je mettrai désormais ma santé et mes promenades devant toutes choses. Le chevalier cause fort bien avec moi jusqu’à onze heures ; c’est un aimable garçon. J’ai obtenu de sa modestie de me parler de sa

  1. En 1676, la semaine sainte commençait le lendemain du jour où Mme de Sévigné écrivait cette lettre à sa fille.
  2. Voyez la lettre de Bussy à Mme de Grignan, du 3 janvier précédent, p. 316, et la réponse de Mme de Grignan, du 15 mars, p. 383.