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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/422

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1676peu cet ouvrage. Je croyois M. de la Vergne[1] un janséniste ; mais par la louange que vous lui donnez d’approuver les Essais de morale, je vois bien qu’il n’est pas de nos frères. N’aimez-vous point le traité de la Ressemblance de l’amour-propre et de la charité[2] ? C’est mon favori. Il est vrai que la grâce est bien triomphante en ces deux filles de la Desœillets[3] : il faut qu’elles aient été bien appelées. Je serai fort aise de voir M. de Monaco ; mais je voudrois qu’il vînt bien vite, afin qu’il n’y eût guère qu’il vous eût vue. Mme de Vins n’est point grosse ; mais elle est si changée, que je lui conseillerois de dire qu’elle l’est. C’est la plus jolie femme du monde : elle a des soins de moi admirables. Pour ma santé, elle est toujours très-bonne : je suis à mille lieues de l’hydropisie, il n’en a jamais été question ; mais je n’espère la guérison de mes mains, de mes épaules et de mes genoux qu’à Vichy, tant mes pauvres nerfs ont été rudement affligés du rhumatisme : aussi je ne songe qu’à partir. L’abbé Bayard et Saint-Hérem m’y attendent : je vous ai dit que la beauté du pays et des promenades, et la bonté de l’air l’avoient emporté sur Bourbon. J’ai vu les meilleurs ignorants d’ici, qui me conseillent de petits remèdes si différents pour mes mains, que pour les mettre d’accord je n’en fais aucun ; et je me trouve encore trop heureuse que sur Vichy ou Bourbon ils soient d’un même avis. Je

  1. LETTRE 526. — Voyez ci-dessus, p. 277, la note 8 de la lettre du 15 décembre précédent.
  2. C’est le second traité du troisième volume des Essais de Nicole. Il est intitulé simplement : de la Charité et de l’Amour-propre.
  3. Célèbre comédienne. (Note de Perrin.) Elle jouait avec un grand art le rôle d’Hermione dans Andromaque. Sa mauvaise santé l’ayant forcée de renoncer au théâtre, ce fut la Champmeslé qui lui succéda. Le public se partagea entre ces deux actrices. Louis XIV disait que pour ne rien laisser à désirer il faudrait faire jouer les deux premiers actes d’Andromaque par la Desœillets, et les trois autres