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1676très-aimable, et d’autant plus qu’elle a moins d’empressement que jamais pour toutes les tendresses de ce pays-là, dont elle connoît le prix. L’abbé Têtu est toujours fort touché de son commerce, et redonne avec plaisir toutes ses épigrammes. Le cousin[1] est toujours très-sujet ; mais il me paroît pour le moins une côte rompue, depuis l’assiduité qu’il a eue pendant trois mois chez la vieille maîtresse du Charmant[2]. Cela fit regarder notre amie, au retour du cousin, comme une amante délaissée ; mais quoique rien ne fût vrai, le personnage fut désagréable. Mmes d’Heudicourt, de Ludres et de Gramont me vinrent voir hier. Vos amies vous ont fait leur cour par les soins qu’elles ont eus de moi. M. de la Trousse ne s’en va que dans quinze jours à l’armée du maréchal de Rochefort[3] ; tout le reste est déjà loin. Le pauvre guidon croyoit fermement être amoureux de Mme de Pont[4], quand il est parti. Corbinelli est toujours un loup gris, comme vous savez, apparoissant, disparoissant, et ne pesant pas un grain : notre amitié est très-bonne. Je ferai vos reproches à la Mousse : il est chez lui, il ne se communique guère ; il est difficile à trouver, encore plus à conserver. Il est souvent mal content, il a eu une gronderie avec mon fils, dont il meurt de honte ; car il avoit eu la cruauté pour lui-même de ne pas mettre un seul brin de raison de son côté. Mme de Sanzei est triste comme Andromaque ; Saint-Aubin et son Iris[5] dans leur faubourg et dans le ciel ; d’Hacqueville agité

  1. Le marquis de la Trousse. (Note de Perrin.)
  2. Le marquis de Villeroi voyez tome II, p. 471, note 13. — Pour la vieille maîtresse, voyez tome III, p. 170, note 5.
  3. Le maréchal de Rochefort commandait l’armée de la Meuse.
  4. Voyez la lettre du 16 septembre 1684.
  5. Saint-Aubin, oncle de Mme de Sévigné, et sa femme, retirée avec lui au faubourg Saint-Jacques. Voyez la Notice, p. 145.