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de me redonner la vie, et de me persuader que vous m’aimez autant que je vous aime.

Mon Dieu, que vous êtes plaisants, vous autres, de parler encore de Cambrai ! nous aurons pris une autre ville avant que vous sachiez la prise de Condé. Que dites-vous de notre bonheur, qui fait venir notre ami le Turc en Hongrie[1] ? Voilà Corbinelli trop aise, nous allons bien pantoufler.

Je reviens à vous, ma bonne, et vous embrasse de tout mon cœur. J’admire la dévotion du Coadjuteur : qu’il en envoie un peu au bel abbé. Je sens la séparation de ma petite : est-elle fâchée d’être en religion ?

Je ne sais si l’envie viendra à Vardes de revendre encore sa charge[2], à l’imitation du maréchal[3]. Je plains ce pauvre garçon, vous interprétez mal tous ses sentiments : il a beau parler sincèrement, vous n’en croyez pas un mot ; vous êtes méchante. Il vient de m’écrire une lettre pleine de tendresse ; je crois tout au pied de la lettre, c’est que je suis bonne. Mme de Louvigny est venue me voir aujourd’hui, elle vous fait mille amitiés. J’embrasse les pauvres pichons, et ma bonne petite ; hélas ! je ne la verrai de longtemps.

Voilà M. de Coulanges qui vous dira de quelle manière Mme de Brinvilliers s’est voulu tuer.

  1. Les Turcs n’entrèrent point en Hongrie ; mais l’année suivante ils soutinrent l’insurrection des Hongrois.
  2. De capitaine des Cent-Suisses de la garde ordinaire du Roi. (Note de Perrin.)
  3. De Bellefonds. Voyez ci-dessus, p. 407, note 6.