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1676tantôt empoisonné, tantôt désempoisonné, il est demeuré en vie, et s’offre présentement de venir solliciter pour sa chère moitié : on ne finiroit point toutes ces folies. J’allai hier à Vincennes avec les Villars. Son Excellence part demain pour la Savoie[1], et m’a priée de vous baiser la main gauche de sa part. Ces dames[2] vous aiment fort ; nommez-les en m’écrivant, pour les payer de leur tendresse. Adieu, ma très-chère et très-aimable, je ne vous en dirai pas davantage pour aujourd’hui.





531. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, lundi 4e mai[3].

C’est donc vous, ma fille, qui me refusez de venir passer ici avec moi l’été et l’automne ; ce n’est point M. de Grignan. Il viendroit vous voir et vous reprendre cet hiver ; mais vous trouvez dans cette proposition des impossibilités que je ne vois pas si bien que vous, et il faut céder à vos raisons. Si je le pouvois, j’irois à Grignan ; ce seroit pour moi une joie fort sensible, et je crois que ce sera pour une autre année ; mais pour celle-ci je ne le puis, et le bon abbé, qui vient avec moi par pure amitié, est obligé de revenir promptement pour plusieurs affaires, dont les miennes font une partie. C’étoit donc une chose toute naturelle que la proposition que je vous faisois ; car pour vous voir quinze jours, ce me seroit un plaisir trop mêlé de tristesse. Dites-moi donc un peu

  1. Dans l’édition de 1734 : « part demain pour Savoie. »
  2. Mmes de Villars et de Saint-Géran. (Note de Perrin.)
  3. LETTRE 531. — La date est le 8 mai dans l’édition de 1734, où manque notre n° 534, daté du 8.