Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/443

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même manière que vous l’avez toujours vu chez la belle mais il me paroit

Que le combat finit faute de combattants[1]


Les reproches étoient fondés sur la gloire plutôt que sur la jalousie : cependant cela enté[2] sur une sécheresse déjà assez établie, confirme l’indolence inséparable des longs attachements. Je trouve même quelquefois des réponses brusques et dures, et je crois voir que l’on sent la différence des génies ; mais tout cela n’empêche point une grande liaison, et même beaucoup d’amitié qui durera vingt ans comme elle est[3]. La dame est, en vérité, fort jolie ; elle a des soins de moi que j’admire, et dont je ne suis point ingrate. La dame du Poitron-Jaquet l’est encore moins, à ce que vous me faites comprendre : il est vrai que les femmes valent leur pesant d’or. La Comtesse[4] maintenoit l’autre jour à Mme Cornuel que Combourg n’étoit point fou ; elle lui répondit : « Bonne comtesse, vous êtes comme les gens qui ont mangé de l’ail. » Cela n’est-il pas plaisant ? M. de Pompone m’a mandé qu’il me prioit d’écrire[5] tous les bons mots

  1. Et le combat cessa faute de combattants.
    (Le Cid, acte IV, scène iii.)
  2. On lit hanté, au lieu d’enté, dans le manuscrit. — Dans son édition de 1754, Perrin a tourné tout autrement cette phrase : « Cependant lorsqu’on y joint une sécheresse qui étoit déjà sèche, cela confirme, etc. »
  3. Ce passage paraît devoir s’entendre de M. et Mme de Coulanges, et de la jalousie, toute de convenance, du mari. On a pensé qu’il pouvait être question de l’intimité de la Trousse avec Mme de Coulanges ; mais rien dans ce qui est dit ici ne permet de l’affirmer. — L’édition de 1754 donne : « qui pourra durer encore, etc. » La phrase : « Je trouve même…. » et les deux suivantes manquent dans le manuscrit.
  4. De Fiesque.
  5. « Qu’il me prioit de ne pas oublier d’écrire. » (Édition de 1754.)