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1676étonnés qu’il ait consenti[1] d’envoyer votre belle gorge, par la poste, à l’abbé de Grignan ; nous dîmes l’autre jour beaucoup de sottises sur ce ton de Monceaux et de Rochecourbières[2]. À moins que je ne meure bientôt, je sens que je ne passerai point ma vie sans revoir votre château, avec toutes ses circonstances et dépendances ; je conserve cette espérance, et voudrois bien en avoir une plus prochaine de vous avoir cet hiver avec moi. Pour vous dire le vrai, mes desirs là-dessus ne sont pas médiocres ; je souhaite que vous en jugiez par les vôtres, et que nulle impossibilité ne vous vienne traverser.

J’ai extrêmement le petit marquis dans la tête ; on m’a parlé de cautères sur le dos, mais je n’ai daigné vous mander cet admirable remède. Je crois qu’il faut en demeurer au corps de fer et aux petits régimes de M. de Pompone[3].

Adieu, ma très-chère, jusqu’à demain ; je suis assurée que je vous écrirai à Moulins ; j’espère même d’y recevoir de vos lettres, qu’on me renverra de Paris : j’en serai fort aise. Je suis dans une entière ignorance de toutes nouvelles ; celles de la guerre me tiennent fort au cœur ; cela n’est pas bon pour prendre des eaux ; mais que faire quand on a quelqu’un à l’armée ? Il faudroit donc ne les prendre qu’au mois de janvier. Je lis dans le carrosse une

  1. « Que ce dernier ait consenti. » (Édition de 1754.)
  2. Dans l’impression de 1734 : « beaucoup de sottises sur ce ton, dignes de Monceaux et de Rochecourbières. » Perrin, dans sa seconde édition (1754), a supprimé tout ce passage, depuis « Le bel abbé…. » — La grotte de Rochecourbières est située près du château de Grignan ; on allait y faire des parties de plaisir. M. le baron Salamon l’a acquise en 1837 et en a fait don à la ville de Grignan, dont il avait été maire. Voyez l’Histoire de Mme de Sévigné par M. Aubenas, p. 586 et suivantes.
  3. Ce passage, depuis : « J’ai extrêmement, etc., » n’est que dans le manuscrit, qui ne donne pas la suite de la lettre.