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1676mari[1], et sur l’espérance qu’elle avoit que la Providence donneroit à Mme de Montespan, dans les occasions, quelque souvenir et quelque pitié de ses malheurs. Enfin, sans rien demander de positif, elle eut un art à faire voir les horreurs de son état, et la confiance qu’elle avoit en sa bonté, qui ne peut venir que de Dieu[2] : ses paroles m’ont paru toutes choisies pour toucher un cœur, sans bassesse et sans importunité : je vous assure que le récit vous en auroit touchée. Le fils de M. de Montespan[3] est chez Mme Foucquet à la campagne, d’où elle est venue pour me voir. Il a dix ans ; il est beau et spirituel : son père l’a laissé chez ces dames en venant à Paris. La bonne d’Escars se porte très-bien, et prend un soin extrême de ma santé. Contez-moi les sorcelleries de Mme de Rus. Adieu, très-aimable et très-chère, je vous embrasse mille fois, et vous aime comme il faudroit aimer son salut.

  1. Trois ans après, il fut permis à Mme Foucquet et à ses enfants de voir le surintendant, (Lettre de Louvois à Saint-Mars, du 10 mai 1679, Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres par Delort. Firmin Didot, 1829. Détention de Foucquet, Lauzun et Pellisson, tome I, p. 295.)
  2. « Elle lui fit voir les horreurs de son état, et la confiance qu’elle avoit en sa bonté, et mit à tout cela un art qui ne peut venir que de Dieu. » (Édition de 1754.)
  3. Le fils légitime de Mme de Montespan, Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin, pair de France, gouverneur de l’Orléanais, lieutenant général, gouverneur d’Amboise, surintendant des bâtiments. Il épousa en 1686 Julie-Françoise de Crussol, fille aînée du duc d’Uzès, et mourut en 1736. C’est ce courtisan raffiné dont Saint-Simon parle en tant d’endroits.
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