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1676et cette mesure est bonne, surtout avec les dames de la cour. Vous avez fait transir le bon abbé de lui parler de ne pas reprendre à Paris votre petit appartement : hélas ! ma fille, je ne l’aime et ne le conserve que dans cette vue ; au nom de Dieu, ne me parlez point d’être hors de chez moi. J’adore le bon abbé de tout ce qu’il me mande là-dessus, et de l’envie qu’il a de me voir recevoir une si chère et si aimable compagnie ; si sa lettre n’étoit pleine de mille petites affaires de Bourgogne et de Bretagne, je vous l’enverrais. Quoi ! Rippert renonce la réponse de Gourville. Sachez qu’il m’a écrit bien honnêtement pour prier Gourville, comme intendant des affaires du prince de Conti, de lui donner le chaperon de Bagnols pour l’année 1678. Voilà ce que Gourville m’a répondu, et puis il se trouve que ce n’est plus lui. Je ne m’en soucie en vérité guère, puisqu’il le prend par là, je ne dis pas de Rippert, au moins de son chaperon.

Le monsieur des courriers de Lyon s’appelle Séjournant, à ce que m’a dit la Bagnols, il s’appelle encore Rougeoux, et fait fort bien tenir nos lettres.

Ma chère enfant, je vous embrasse mille fois avec une tendresse qui doit vous plaire, puisque vous m’aimez. Faites bien des amitiés à M. de la Garde et à M. de Grignan, et mes compliments de noces au premier. Baisez les pichons pour moi ; j’aime la gaillardise de Pauline : et le petit petit[1] veut-il vivre absolument, contre l’avis d’Hippocrate et de Galien ? il me semble que ce doit être un homme tout extraordinaire. L’inhumanité que vous donnez à vos enfants est la plus commode chose du monde : voilà, Dieu merci, la petite qui ne songe plus ni

  1. L’enfant dont Mme de Grignan étoit accouchée dans le huitième mois. (Note de Perrin.) — Voyez la lettre du 23 février précédent, p. 365.