Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/487

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1676à père, ni à mère[1] ; ah ! ma belle, elle n’a pas pris cette heureuse qualité chez vous ; vous m’aimez trop, et je vous trouve trop occupée de moi et de ma santé : vous n’en avez que trop souffert.




546. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Vichy, lundi 8e juin.

Hélas ! n’en doutez pas, ma fille, que je ne sois touchée très-sensiblement de préférer quelque chose à vous qui m’êtes si chère et que j’aime si parfaitement : toute ma consolation, c’est que vous ne sauriez douter de mes sentiments, et que vous verrez un beau sujet de faire votre réflexion de l’autre jour sur la préférence du devoir sur l’inclination : en voici un bel exemple ; et je vous conjure, et M. de Grignan, de vouloir bien me consoler de cette violence[2] qui coûte si cher à mon cœur. Voilà donc ce qui s’appelle la vertu et la reconnoissance : je ne m’étonne pas si l’on trouve si peu de presse dans l’exercice de ces belles vertus. Je n’ose, en vérité, appuyer sur ces pensées ; elles troublent entièrement la tranquillité qu’on ordonne en ce pays. Je vous conjure donc une bonne fois de vous tenir pour toute rangée chez moi, comme vous y étiez, et de croire encore que voilà précisément la chose que je souhaite le plus fortement. Vous êtes en peine de ma douche, ma très-chère ; je l’ai prise huit matins, comme je vous l’ai mandé ; elle m’a fait suer abondamment ; c’est tout ce qu’on en souhaite, et bien loin de m’en

  1. Voyez le commencement de la lettre du 6 mai précédent, p. 432.
  2. LETTRE 546 (revue presque entièrement sur une ancienne copie). — C’est le texte du manuscrit ; dans les deux éditions de Perrin, on lit : « me consoler cet hiver de cette violence, etc. »