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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/498

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1676écrirai de Moulins. Je ne fais pas réponse à la moitié de votre aimable lettre ; je n’en ai pas le temps ; mais en vérité je vous aime bien parfaitement.


549. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Moulins[1], jeudi 18e juin.

PUISQUE vous m’envoyez vous écrire plus loin, ma très-chère, et qu’une réponse de quatre jours vous incommode, hélas je vais donc m’éloigner, mais ce ne peut être sans douleur[2], ni sans faire toutes les réflexions que nous avons déjà faites sur les lois que l’on s’impose, et sur le martyre que l’on se fait souffrir, en préférant si souvent son devoir à son inclination : en voici un bel exemple. Pour m’ôter cette tristesse, j’avoue, ma bonne, que j’emporte l’espérance de vous voir cet hiver.

Ruyter est mort ; je laisse aux Hollandois le soin de le regretter : vous m’en paroissez plus libre de quitter votre Provence. Les voyages sur la côte sont fâcheux ; celui que M. de Grignan doit faire encore[3] n’est pas commode. Nous tâcherons de vous laisser respirer à Grignan jusqu’au mois d’octobre : c’est pour ne pas interrompre ce sommeil que je n’ai point voulu que vous vinssiez à Vichy, et d’autres raisons encore que je vous ai mandées. Je crois donc que vous voudrez bien me donner cette preuve

  1. LETTRE 549 (revue en partie sur une ancienne copie). — Ce mot a été singulièrement défiguré dans l’édition de la Haye : au lieu de : À Moulins, on a imprimé : À mon Livry.
  2. Dans les éditions de 1726 : « mais ce n’est peut-être pas sans douleur. »
  3. Pour la surveillance des côtes de Provence ?