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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/503

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1676pauvre Penautier[1]. J’arriverai assez tôt pour vous instruire de toutes ces tragiques histoires. Je souhaite, ma fille, que votre petite rivière[2] puisse vous fournir de l’eau pour vous baigner fraîchement, car il y a d’étranges manières de se baigner à Vichy.

À Moulins, dimanche au soir 21e juin.

Quel bonheur, ma très-chère, de recevoir votre lettre du 17e, en arrivant de Pomé, où j’ai laissé les deux saintes[3]. J’ai amené Mlle Foucquet, qui me fait les honneurs de chez sa mère ; elle s’en retournera demain matin, quand je partirai pour aller coucher à Nevers. Je crois que, quelque joie que l’on puisse avoir en recevant vos

  1. Pierre-Louis de Reich, seigneur de Penautier (terre située au bord de l’Aude, près de Carcassonne), receveur général du clergé (1669) et trésorier de la bourse des états de Languedoc : cette dernière charge était dans sa famille depuis 1650Texte validé ; il l’exerça environ soixante ans, s’en démit en janvier 1711, et mourut au mois d’août de la même année. « Penautier, dit Saint-Simon (tome LX, p. 418), mourut fort vieux en Languedoc. De petit caissier, il étoit devenu trésorier du clergé, et trésorier des états de Languedoc, et prodigieusement riche. C’étoit un grand homme, très-bien fait, fort galant et fort magnifique, respectueux et très-obligeant ; il avoit beaucoup d’esprit et il étoit fort mêlé dans le monde ; il le fut aussi dans l’affaire de la Brinvilliers et des poisons, qui a fait tant de bruit, et mis en prison avec grand danger de sa vie. Il est incroyable combien de gens, et des plus considérables, se remuèrent pour lui, le cardinal Bonzi à la tête, fort en faveur alors, qui le tirèrent d’affaire. Il conserva longtemps depuis ses emplois et ses amis ; et quoique sa réputation eût fort souffert de son affaire, il demeura dans le monde comme s’il n’en avoit point eu. » — Voyez le chapitre XVI du tome XIII de l’Histoire de France de M. Michelet.
  2. Le coteau de Grignan domine une plaine arrosée par les petites rivières de Berre et de Lez. Voyez Walckenaer, tome IV, p. 48.
  3. La mère et la femme de Foucquet : la première, Marie de Maupeou, veuve de François Foucquet, vicomte de Vaux, mourut en 1681, à quatre-vingt-onze ans ; la seconde, Marie-Madeleine de Castille, mourut en 1716, à quatre-vingt-trois ans.