morte d’avoir repris votre route du midi par le temps qu’il fait. Si Saint-Hérem[1] est à sa capitainerie, je vous écrirai peut-être encore ce soir, au cas qu’il me dise quelque nouvelle ; mais dans l’incertitude, je vous écris d’ici, afin de n’avoir plus qu’à me coucher en arrivant ; car il sera tard, et vous voulez que je me porte bien.
553. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
1676
J’arrivai ici dimanche, ma très-chère belle ; j’avois couché à Vaux[2], dans le dessein de me rafraîchir auprès de ces belles fontaines, et de manger deux œufs frais. Voici ce que je trouvai le comte de Vaux[3], qui avoit su mon arrivée, et qui me donna un très-bon souper ; et toutes les fontaines muettes, et sans une goutte d’eau, parce qu’on les raccommodoit : ce petit mécompte me fit rire. Ce comte de Vaux a du mérite, et le chevalier[4] m’a dit qu’il ne connoissoit pas un plus véritablement brave homme. Les louanges du petit Glorieux ne sont pas mauvaises ; il ne les jette pas à la tête. Nous parlâmes fort, M. de Vaux et moi, de l’état de sa fortune présente, et de ce qu’elle avoit été. Je lui dis, pour le
- ↑ Gouverneur de Fontainebleau et capitaine des chasses. Voyez tome II, p. 110, note 3.
- ↑ LETTRE 553. — La terre de Vaux-le-Vicomte, qui d’abord avait été confisquée, fut rendue par le Roi aux créanciers de Foucquet, qui à leur tour l’abandonnèrent à Mme Foucquet, séparée de biens d’avec son mari.
- ↑ Louis-Nicolas, comte de Vaux, vicomte de Melun, fils aîné de Foucquet. Il épousa Jeanne Guyon, et mourut en 1705.
- ↑ De Grignan.