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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/510

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1676hôtellerie, et se souvient fort du temps qu’elle vous honoroit de ses approbations : vous connoissez son air et son ton décisif. Elle est divinement bien logée. Cet établissement est fort joli ; elle y règne trois ou quatre mois et puis se va traîner aux pieds de toutes les grandeurs, comme vous savez. Elle me dit qu’elle attendoit Mlle de Fiennes[1] et qu’on lui mandoit que la Brinvilliers mettoit bien du monde en jeu et nommoit le chevalier de B*** Mmes de Cl*** et de G***[2] pour avoir empoisonné Madame, pas davantage. Je crois que cela est très-faux ; mais il est fâcheux d’avoir à se justifier de pareille chose. Cette diablesse accuse vivement Penautier, qui est en prison par avance : cette affaire occupe tout Paris, au préjudice des affaires de la guerre. Quand je serai arrivée, ma très-chère, vous croyez bien que je ne vous laisserai rien ignorer d’une chose si extraordinaire. Nous allons ce soir coucher à la capitainerie[3] de Fontainebleau ; car je hais le Lion d’or, depuis que je vous ai quittée : j’espère me raccommoder avec lui en vous y allant reprendre. J’ai rêvé sur votre retour ; je vous proposerai mon avis, que je serois ravie que vous voulussiez suivre : nous avons du temps, nous en parlerons. Ce chaud terrible me fait bien aise de vous avoir laissée[4] en paix dans mon cabinet à Grignan ; vous seriez

  1. Voyez tome II, p. 96, note 8.
  2. La première de ces initiales désigne probablement le chevalier de Beuvron (voyez tome II, p. 502, note 10), et la dernière Mme de Gourdon (voyez tome III, p. 181, note 12). Toutefois nous devons dire que dans l’édition de 1734 les initiales ne sont pas toutes les mêmes on y lit : « le chevalier de B***, Mmes de C***, la C*** et G***. » Notre texte est celui de 1754.
  3. C’est le nom d’une partie du château destinée à l’habitation du capitaine des chasses.
  4. « Je suis bien aise, à cause de cette chaleur excessive, de vous avoir laissée, etc. » (Édition de 1754.)