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1676parlé de Mmes de Cl***[1], de G***, ni du chevalier de B*** : rien n’est plus faux. Penautier a été neuf jours dans le cachot de Ravaillac : il y mouroit ; on l’a ôté ; son affaire est désagréable ; il a de grands protecteurs : M. Colbert et Monsieur de Paris[2] le soutiennent ; mais si la Brinvilliers l’embarrasse davantage, rien ne pourra le secourir. Mme d’Hamilton[3] est inconsolable, et ruinée au delà de toute ruine : elle fait pitié. Mme de Rochefort est changée à n’être pas connoissable, avec une bonne fièvre double-tierce : cela ne vous plaît-il pas assez ?

Le retour du Roi se recule toujours[4]. Vous avez vu les vers qu’a faits l’abbé Têtu : l’exagération m’y paroît exagérée : la réponse en prose de M. de Pompone vous plairoit fort.-Il a écrit aussi (c’est l’abbé Têtu) une lettre à M. de Vivonne bien plus jolie que Voiture et Balzac[5] ; les louanges n’en sont point fades. Mme de Thianges[6] fit faire hier un feu de joie devant sa porte, et défoncer trois muids de vin, en faveur de cette victoire[7]. Des boîtes qui crevèrent tuèrent trois ou quatre personnes. M. de

  1. Dans l’édition de 1734 « Mmes de C***.  »
  2. Harlay de Champvalon, archevêque de Paris.
  3. Le comte d’Hamilton, maréchal de camp, venait d’être tué au combat du défilé de Saverne. Voyez l’Histoire de Louvois par M. Rousset, tome II, p. 258.
  4. Le Roi, comme nous l’avons dit, ne quitta l’armée que le 4 juillet et arriva le 8 à Saint-Germain en Laye.
  5. Le 4 juin 1675, Boileau avait adressé à Vivonne, sur son entrée dans le Phare de Messine, une lettre de félicitation, qui en renfermait deux autres : il attribuait l’une à Balzac, l’autre à Voiture. Vivonne l’avait prié « de lui écrire quelque chose qui pût le consoler des mauvaises harangues qu’il étoit obligé d’entendre. » Après les victoires de 1676, Boileau écrivit de nouveau, mais cette fois en son nom seulement, « au vainqueur de Ruyter, au destructeur de la flotte espagnole. »
  6. Sœur de Vivonne.
  7. La victoire de Palerme, remportée le 2 juin par Vivonne.