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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/514

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1676Grignan n’a-t-il point écrit à Monsieur le maréchal ? J’ai vu Bussy[1] plus gai, plus content, plus plaisant que jamais. Il se trouve si distingué[2] des autres exilés, et sent si bien cette distinction, qu’il ne donneroit pas sa fortune pour une autre. Il marie, je crois, la Remiremont[3] au frère de Mme de Cauvisson[4]. Voici l’année d’établissement pour ses filles. J’ai trouvé ici que celui de M. de la Garde faisoit grand bruit.

Je reçois, ma très-chère, votre lettre du 24e juin : il me faut celle du 20e, car je sais mon compte ; j’espère qu’elle me reviendra. Vous me comblez de joie en me parlant sans incertitude de votre voyage de Paris ; ce sera le dernier et véritable remède qui rendra ma santé parfaite. Pour moi, ma fille, voici ma pensée : je la propose à M. de Grignan et à vous. Je ne voudrois point que vous allassiez repasser la Durance, ni remonter à Lambesc : cela vous jette trop loin dans l’hiver ; et pour vous épargner cette peine, je trouverois très-bien que vous partissiez de Grignan quand votre époux#6 partira pour l’assemblée ; que vous prissiez des litières, que vous vinssiez vous embarquer à Roanne, et très-sûre-

  1. Le Roi lui avait permis de passer deux mois à Paris. Voyez la lettre de Bussy du 6 mai précédent, p. 440.
  2. L’édition de 1734 donne différencié, au lieu de distingué.
  3. Marie-Thérèse de Rabutin, dame de Remiremont, qui épousa depuis Louis de Madaillan de l’Esparre, marquis de Montataire. Voyez la Généalogie, tome I, p. 343.
  4. Sur Mme de Cauvisson, voyez tome III, p. 372, note 9. Son frère était Louis, d’abord seigneur d’Ybouvilliers, puis, après la mort de ses deux frères aînés, marquis de Marivaux, qui n’épousa pas la fille de Bussy, mais Madeleine de Malortie et mourut sans enfants en 1691.