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1676regretter leur héros : ils ne sauront point en refaire d’autre.

L’affliction de Mme de Rochefort augmente plutôt que de diminuer. Celle de Mme d’Hamilton fait pitié à tout le monde : elle demeure avec six enfants sans aucun bien. Ma nièce de Bussy, c’est-à-dire de Coligny, est veuve : son mari est mort à l’armée de M. de Schomberg, d’une horrible fièvre[1]. La maréchale[2] veut que je l’y mène après dîner : cette affligée ne l’est point du tout[3] ; elle dit qu’elle ne le connoissoit point, et qu’elle avoit toujours souhaité d’être veuve. Il lui laisse tout son bien : de sorte que cette femme aura quinze ou seize mille livres de rente. Elle aimeroit bien à vivre réglément, et à dîner à midi comme les autres ; mais l’attachement que son père a pour elle la fera toujours déjeuner à quatre heures du soir, à son grand regret. Elle est grosse de neuf mois.

    sente, etc. ? — Dans la phrase suivante, qui est à la fois dans les deux impressions que nous venons de nommer et dans celle de Rouen, mais qui manque, ainsi que la précédente, dans les deux de Perrin, l’édition de la Haye a leurs héros et d’autres, au pluriel.

  1. Bussy reçut la nouvelle de la mort du marquis de Coligny par ce billet du marquis de Bussy, son fils aîné, qui se lit dans le manuscrit de l’Institut :
    À Condé, le 7e juillet 1676.

    « On ne vous a pas mandé, Monsieur, la maladie de M. de Coligny, de peur d’alarmer ma sœur, et l’on ne croyoit pas qu’elle fût dangereuse. Cependant il vient de mourir par la gangrène qui lui avoit paru au pied, et qui a couru par tout le corps : cela marque une étrange corruption de sang. Nous l’allons faire enterrer dans le chœur de la grande église, avec une tombe sur laquelle son nom sera écrit. »

  2. Perrin ajoute entre parenthèses : de Schomberg.
  3. C’est le texte de l’édition de 1734 (celles de 1725 et de 1726 ne donnent pas le membre de phrase relatif à la maréchale); dans sa seconde (1754), Perrin a ainsi éclairci cet endroit : « La maréchale veut que je la mène après dîner chez cette affligée, qui ne l’est point du tout. »