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1676donnent une médiocre, incommodité, et je suis en état d’attendre le mois de septembre, qui sera à peu près le temps que M. de Grignan se préparera pour l’assemblée, et où nous trouvons que toutes les raisons de tendresse, de commodité, de bienséance doivent vous engager à me venir voir. Nous vous l’avons mandé, et cette lettre a croisé peut-être à Lyon celle où elle sert de réponse.

Si vous fussiez venue à Vichy, et de là ici, c’étoit une chose toute naturelle, et qui eût été bien aisée à comprendre mais vos desseins ne s’étant pas tournés ainsi, et tout le monde ne vous attendant plus qu’au mois de septembre, cette raison que vous me donnez pour gouvernante vous conseille de laisser revenir[1] de l’eau dans la rivière, et de suivre tous les avis que nous vous avons donnés par avance. Nous vous prions seulement, ma bonne, de ne nous pas manquer en ce temps-là. Ma santé est meilleure que vous ne pensez, mais elle ne l’est pas assez pour n’avoir pas besoin de ce dernier remède, et je ne puis pas en douter, voyant les sentiments que vous me dites si naturellement dans votre lettre. De cette sorte vous donnez de la joie à tout le monde ; vous êtes l’âme de Grignan, et vous ne quitterez votre château et vos pichons que quand vous seriez prête de[2] les quitter pour Lambesc, et en ce temps vous viendrez ici me redonner la vie et la plus sensible joie que je puisse avoir en ce monde. Je crois, ma chère enfant, que vous approuverez la sagesse de notre d’Hacqueville, et que vous comprendrez très-bien les sentiments de mon cœur, et la joie que j’ai de me voir assurée de votre retour, et d’éprouver cette marque de votre amitié. Je suis assurée comme vous

  1. Au lieu de ces mots : « de laisser revenir, » les éditions de 1726 donnent : « de laisser d’ici à l’avenir. » Mme de Sévigné avait sans doute écrit : « de laisser d’ici là venir. »
  2. Dans l’édition de 1734 : prête à.