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1676Mme de Montespan s’y trouve aussi le même jour ; j’aurois voulu donner un autre air à ce retour, puisque c’est une pure amitié. Mme de la Fayette arriva avant-hier de Chantilly en litière c’est une belle allure ; mais son côté ne peut souffrir le carrosse. M. de la Rochefoucauld nous remet sur pied ce voyage de Liancourt et de Chantilly, dont on parle depuis dix ans : si on veut m’enlever, je les laisserai faire. Madame est transportée du retour de Monsieur. Elle embrasse tous les jours Mme de Monaco, pour faire voir qu’elles sont mieux que jamais : je vois trouble à cette cour. J’ai fait prier Monsieur le premier président[1] par M. d’Ormesson de me donner une audience ; il n’en peut donner qu’après le procès de la Brinvilliers : qui croiroit que notre affaire dût se rencontrer avec celle-là ? Celle de Penautier ne va qu’avec celle de la dame. Et pourquoi empoisonner le pauvre Matharel[2] ? Il avoit une douzaine d’enfants. Il me semble même que sa maladie violente et point subite ne ressembloit pas au

    sûreté, et n’espérant plus que les ennemis fissent quelque entreprise, partit de son camp de Keverain le 4 de ce mois, et arriva ici mercredi dernier, 8e, à trois heures après midi. La Reine et Monseigneur le Dauphin allèrent à sa rencontre, à trois lieues, et Leurs Majestés retournèrent ici ensemble. Les sujets du Roi, de toutes les conditions, qui ne voient jamais sans frayeur partir Sa Majesté pour commander ses armées en personne, témoignent par leurs acclamations la joie sensible que leur donne son heureux retour, après des fatigues longues et périlleuses. »

  1. Guillaume de Lamoignon, premier président du parlement de Paris, depuis 1658. Il mourut le 10 décembre 1677.
  2. Matharel était trésorier des états de Bourgogne ; mais ce n’était pas seulement pour avoir empoisonné Matharel que Penautier était poursuivi ; il l’était à la requête d’une dame Vosser, veuve du sieur (Hanyvel de) Saint-Laurent, trésorier général du clergé, qui soutenait que Sainte-Croix avait empoisonné son mari, à l’instigation de Penautier, pour que ce dernier succédât à son emploi. Voyez les Causes célèbres de Richer, tome I, p. 417. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez tome III, p. 351.