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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/541

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1676échecs, comme je disois l’autre jour ; il a pris toutes les troupes qu’on destinoit au maréchal de Créquy ; et les officiers qui étoient destinés à cette armée sont retournés en Allemagne, comme la Trousse, le chevalier du Plessis et d’autres. Nos garçons sont demeurés avec M. de Schomberg[1] : je les aime bien mieux là qu’avec le maréchal d’Humières. M. de Schomberg favorisera notre siège et les fortifications de Condé, comme Villa-Hermosa[2] Maestricht[3] et le prince d’Orange. Tout ceci s’échauffe beaucoup : cependant on se réjouit à Versailles tous les jours des plaisirs, des comédies, des musiques, des soupers sur l’eau. On joue tous les jours dans l’appartement du Roi, la Reine et toutes les dames et tous les courtisans ; c’est au reversi. Le Roi et Mme de Montespan tiennent un jeu ; la Reine et Mme de Soubise, qui joue quand Sa Majesté prie Dieu ; elle est de deux pistoles sur cent ; Monsieur et Mme de Créquy, Dangeau et ses croupiers, Langlée et les siens : voilà où l’on voit perdre ou gagner tous les jours deux ou trois mille louis[4]. L’amie de Mme de Montespan est mieux qu’elle n’a jamais

    dimanche 2 de ce mois la réduction d’Aire. Cette place si importante et si bien fortifiée n’a tenu que cinq jours de tranchée ouverte devant l’armée du Roi commandée par le maréchal d’Humières. » (Gazette du 8 août 1676.) — Dans un numéro extraordinaire du 11, la Gazette publie la relation détaillée de la prise d’Aire.

  1. Voyez plus haut, p. 454, note 9. Le maréchal de Schomberg marchait au secours de Maestricht, assiégé par le prince d’Orange, qu’il obligea de lever le siège.
  2. Général des troupes espagnoles. (Note de Perrin.) — La Gazette du 25 juillet annonce que le duc de Villa-Hermosa, gouverneur général des Pays-Bas espagnols, ayant quitté le 12 son camp de Nivelle, était allé s’établir à Genappe, et que dans la nuit du 15 au 16 il avait détaché quatre régiments d’infanterie pour aller au siège de Maestricht.
  3. Perrin, dans sa seconde édition, a ainsi allongé et éclairci la phrase : « comme Villa-Hermosa favorise le siège de Maestricht, etc. »
  4. Les pertes de jeu étaient énormes dans ce siècle. On voit dans