Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/540

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1676sité, disant : « Je peux faire en conscience tout ce qu’il me plaira : » il lui a plu de ne rien dire du tout. Penautier sortira un peu plus blanc que de la neige : le public n’est point content, on dit que tout cela est trouble. Admirez le malheur : cette créature a refusé d’apprendre ce qu’on vouloit, et a dit ce qu’on ne demandoit pas ; par exemple, elle dit que M. Foucquet[1] avoit envoyé Glaser, leur apothicaire empoisonneur, en Italie, pour avoir d’une herbe qui fait du poison : elle a entendu dire cette belle chose à Sainte-Croix. Voyez quel excès d’accablement, et quel prétexte pour achever ce misérable[2]. Tout cela est encore bien suspect. On ajoute encore bien des choses ; mais en voilà assez pour aujourd’hui.

On tient que M. de Luxembourg a dessein de tenter une grande action pour secourir Philisbourg[3] ; c’est une affaire périlleuse. Le siège de Maestricht continue ; mais le maréchal d’Humières va prendre Aire[4], pour jouer aux

  1. Le mot est écrit en entier dans le manuscrit. Les éditions de Perrin et Les impressions antérieures ne donnent que l’initiale F**. — « La Brinvilliers déclara avant son supplice tenir de Sainte-Croix que Foucquet, au moment de son arrestation, avait un grand dessein, et qu’il avait envoyé Glazel (et non Glaser ; dans le manuscrit il y a Glasser), son apothicaire, à Florence, pour y apprendre l’art de préparer des poisons subtils… Ce fait est énoncé dans les interrogatoires insérés au procès-verbal de question d’un ami de Sainte-Croix, Jean Maillart, auditeur des comptes, qui fut condamné par arrêt de la chambre de l’Arsenal, du 20 février 1682, à avoir la tête tranchée pour crime de lèse-majesté, comme ayant connu et n’ayant pas révélé un complot dirigé contre la personne du Roi. » (Note de l’édition de 1818.)
  2. C’est le texte de 1734 et de l’édition de Rouen ; dans celle de la Haye, on lit : « pour chagriner ce misérable ; » dans la seconde de Perrin (1754) : «pour achever ce pauvre infortuné. »
  3. Le maréchal de Luxembourg essaya en effet de secourir Philisbourg, mais de faux renseignements et des erreurs de marche l’en empêchèrent. Un échec paraissait inévitable on se retira. Voyez l’Histoire de Louvois par M. Rousset, tome II, p. 158 et 159.
  4. Aire, investi le 21 juillet, capitula le 31. — « Le Roi apprit