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remets donc mes intérêts entre vos mains, pour assaisonner les assurances que je vous prie de lui donner de la part que je prends à ce qui lui arrive. Si par hasard elle étoit accouchée, faites de cet événement le second point de votre discours. Mais je crois que cette prévoyance ne me dispense de rien à votre égard : il vous faudra une lettre de grand-père. Mandez-moi si vous êtes bien résolu de ne me point faire de quartier là-dessus, afin que je commence à me préparer ; car je vous avoue que difficilement pourrai-je me résoudre à vous parler comme il convient à un personnage si vénérable. Cependant j’ai des exemples bien proches qui devroient m’accoutumer à voir cette qualité désassortie aux personnes qui la portent. Vous n’êtes ni plus jeune ni plus gai que ma mère étoit quand je lui fis l’affront de la lui donner. Je l’ai priée de vous dire la joie que j’ai de votre retour à Paris. Quoique le mystère soit agréable en mille occasions, je crois que vous êtes fort content de n’y être plus obligé pour voir vos amis. J’espère profiter de cette liberté cet hiver. En attendant, je vous recommande la rate de ma mère ; vous êtes pour ses vapeurs le meilleur pendillon du monde, et je vous demande toujours un peu de part en votre souvenir.


1676

561. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, ce vendredi 24e juillet.

J’AI vu ce matin le plus beau des abbés[1]. Nous jouissons par avance du plaisir de vous avoir : cette espérance répand une joie et une douceur sur toute ma vie ; elle a

  1. LETTRE 561. — L’abbé de Grignan.