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1676et a mandé à Sa Majesté qu’il croyoit que le retardement d’un courrier auroit pu nuire aux affaires. Méditez sur ce texte.

Puisque je cause avec vous, il faut que je vous parle de Madame la Grand’Duchesse et de Mme de Guise[1]. Elles sont très-mal ensemble, et ne se parlent point, quoiqu’elles soient toujours dans le même lieu. Madame la Grand’Duchesse est fort agréablement avec le Roi : elle a un logement à Versailles ; elle y fait de fort grands séjours ; elle est à l’illumination ; et bientôt sa prison sera la cour, et l’attachement entier à sa noble famille. On a écrit à Monsieur le Grand-Duc que cette retraite qu’on lui avoit promise s’observoit mal : il a dit qu’il ne s’en soucioit point du tout ; qu’en remettant Madame sa femme entre les mains du Roi, il avoit ôté de son esprit tout le soin de sa conduite. Le comte de Saint-Maurice[2] me dit hier que voyant un grand seigneur de Savoie à sa cour, il[3] lui avoit dit avec un soupir : « Ah Monsieur, que vous êtes heureux d’avoir eu une princesse de France qui ne s’est point fait un martyre de régner dans votre cour ! »

On recommence[4] à murmurer je ne sais quoi de Théo-


  1. Ces deux princesses étoient filles de Gaston de France, duc d’Orléans, et de Marguerite de Lorraine. (Note de Perrin.)
  2. Voyez la lettre du 11 septembre 1675, p. 127.
  3. C’est le texte de 1734. Dans sa seconde édition (1754), Perrin a ajouté, devant voyant : Monsieur le Grand-Duc, sans supprimer pour cela le sujet il, devant lui avoit dit.
  4. « On commence. » (Édition de 1754.)