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1676bon[1] comme si, les duels étant défendus, les rencontres étoient permises : je vous dis cela extrêmement en l’air, comme il m’a été dit. Votre cousine d’Harcourt[2] a pris l’habit à Montmartre : toute la cour y étoit. Tous ses beaux cheveux étoient épars, et une couronne de fleurs sur la tête, comme une jolie victime. On dit que cela faisoit pleurer tout le monde.

Vous êtes trop aimable de parler comme vous faites des Rabutins : je les désavouerois bien, s’ils ne vous honoroient comme ils font[3]. Monsieur d’Alby[4] est mort ; il laisse des trésors au duc du Lude. Hélas comme notre pauvre Monsieur de Saintes[5] a disposé saintement de son bien au prix de cet avare[6] ! Voilà de beaux bénéfices à donner. Alby vaut vingt-cinq mille écus de rente ; on en a fait un archevêché ; mais vous savez avant nous qu’il y en a encore un bien plus beau à donner : c’est le sou-

  1. Voyez tome II, p. 105, note 7, et la lettre du 7 août suivant.
  2. Françoise de Lorraine, née en 1657, sœur du prince d’Harcourt, du comte de Montlaur et de la duchesse de Cadaval. Elle devint abbesse de Montmartre en 1683, et mourut le 29 octobre 1699. — « Le 28 du mois passé, dit la Gazette du 8 août, la fille du comte d’Harcourt prit l’habit à Montmartre. La Reine lui fit l’honneur d’y assister. Le P. Bourdaloue, jésuite, prêcha. Plusieurs princes et princesses de la maison de Lorraine, et un grand nombre de dames et de seigneurs de qualité se trouvèrent à cette cérémonie. »
  3. Pour éviter la répétition, Perrin a ainsi modifié le texte en 1754 : « s’ils ne vous honoroient pas autant qu’ils doivent. »
  4. Gaspard de Daillon du Lude, grand-oncle du duc du Lude, occupa de 1635 à 1676 le siège d’Alby, érigé en métropole après lui. Il était mort le 24 juillet, « après avoir donné, dit la Gazette du 1er août, tous les témoignages possibles de piété et de résignation. »
  5. Voyez la note 24 de la lettre du Ier juillet précédent, p. 510.
  6. « Ce digne prélat, dit la Gazette du 4 juillet, a laissé ses amis sensiblement affligés, les pauvres de son diocèse dans la dernière désolation, et tous ceux qui le connoissoient édifiés des actions exemplaires de sa vie, et de sa résignation chrétienne à la mort. »