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1675
morceau bien juste dans sa pièce, ce sera le plus beau et le plus galant[1].

Que dit le Comte de toutes nos nouvelles ? C’est à lui que j’adresse la parole pour me réjouir des merveilles du chevalier. Saint-Hérem a perdu deux de ses neveux en huit jours ; l’aîné étoit à la tête du régiment Royal-cavalerie ; je l’avois voulu demander pour mon fils ; mais Mme de Montrevel[2] le demande avec la même fureur qu’elle demandoit un mari : le moyen de le lui refuser ? Adieu, ma très-chère et très-aimable.

On dit que la Marck n’est point mort : je plains sa femme et peut-être sa maîtresse.

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432. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, lundi 19e août.

Je commence cette lettre, ma bonne, mais je ne la finirai pas sans vous dire beaucoup d’autres choses. Je ballotte présentement, et vous veux conter des choses si raisonnables que le Roi a dites, que c’est un plaisir de les entendre. Il a fort bien compris la perte de M. de Turenne ;

  1. Dans l’édition de 1754, ce paragraphe commence et finit autrement : « Le Coadjuteur avoit pris…. mais aujourd’hui cela seroit hors de propos…. et pourvu que ce morceau soit recousu bien juste, ce sera le plus beau et le plus galant de son discours. » — C’est le 17 août que le Coadjuteur harangua le Roi au nom de l’assemblée du clergé ; il avait communiqué son discours à Mme de Sévigné avant de le prononcer. Voyez la note 16 de la lettre suivante, p. 65.
  2. Voyez tome III, p. 461, note 1, et plus loin la lettre du 4 septembre 1675, p. 113.