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magne ; Monsieur le Duc y est déjà[1]. M. de la Feuillade est allé ramasser les débris de l’armée du maréchal de Créquy, pour se joindre à Monsieur le Prince. Il ne faut point faire d’almanachs ; mais si les ennemis ont pris Haguenau, comme on l’a dit, la carte nous apprend que cela n’est pas bon[2]. Si vous trouvez que vous n’ayez pas assez de nouvelles présentement, vous êtes, en vérité, ma fille, bien difficile à contenter : je crois même que de longtemps vous ne manquerez de grands événements. On nous dit ici que votre armée de Messine s’est embarquée tout doucement, et s’en revient en Provence[3].

Si le Coadjuteur avoit pris dans sa harangue le style ordinaire des louanges, il ne seroit pas aujourd’hui fort à propos. Il passe sur l’affaire présente avec une adresse et un esprit admirable ; il vous mandera le tour qu’il donne à ce petit inconvénient ; pourvu qu’il sache recoudre ce

  1. La Gazette (p. 658) annonce que le duc d’Enghien arriva à l’armée le 17 août, et le prince de Condé le 19.
  2. Ce fut seulement le 18 août que Montecuculi se détermina au siège de Haguenau, « qu’il alla investir le lendemain, et qu’il fit battre le 20 et le 21, dit la Gazette (p. 646), avec trente-deux pièces de canon ; mais dans la nuit du 21 au 22, ayant appris que le prince de Condé venait l’attaquer avec toutes ses troupes, il se hâta de lever le siége.
  3. « Nous avons eu avis de plusieurs endroits de Sicile que le duc de Vivonne, après avoir bien pourvu à la sûreté de Messine et de tous les forts, par de bonnes garnisons, étoit parti avec vingt galères, autant de vaisseaux de guerre et un grand nombre de navires de charge, ayant laissé le reste de la flotte dans le port…. On avoit appris que le duc de Vivonne avoit résolu de faire une descente dans le royaume de Naples…. On ajoute que les vaisseaux de charge françois, ayant été écartés bien avant, s’étoient séparés de l’armée pour aller en Provence, afin d’y prendre les munitions de guerre et de bouche qu’on y a préparées. » (Gazette du 24 août, sous la rubrique de Gênes, 7 août.)