Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/103

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Peut-être sera-ce à mon dam,
Mais je ne crains que votre absence.
Revenez vite à nous, Grignan,
Quittez pour un temps la Provence.


Je laisse à Madame votre mère à vous envoyer tous les autres triolets qu’on chante ici ; et pour moi, Madame, je vous chanterai toujours, jusqu’à ce que je vous parle.


1676

587. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, vendredi 9e octobre.

Je suis fâchée, ma très-chère, que la poste vous diffère mes lettres de quelques jours. Je connois votre amitié et vos inquiétudes ; mais il n’y a qu’à recourir au grand d’Hacqueville pour y trouver tout le secours que l’on peut souhaiter. Je me souviendrai toute ma vie du plaisir et de la consolation que je trouvai aux Rochers dans une de ses lettres, après que vous fûtes accouchée : je n’étois pas en état de soutenir l’excès de la douleur où j’étois[1]. J’espère que vous aurez été contente le lendemain, à moins que le laquais de Mme de Bagnols, à qui je donnai mes lettres pour les porter à la poste, ne les ait jetées je ne sais où : il m’en a pris quelque petite crainte. Vous aurez vu dans cette lettre, si vous l’avez reçue, la réponse de celle où vous me proposiez d’attendre M. de Grignan : je vous priois, ma chère, de ne point écouter cette pensée ; je vous assurois que celle de

  1. Lettre 587. — 1. Voyez tome IV, p. 369, la lettre du 1er mars précédent. — Dans l’édition de 1754 : « sans quoi je n’étois pas en état, etc. »