Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/130

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1676 me dites pour fortifier mon cœur et mon esprit contre les amertumes de la vie, à quoi je ne puis m’accoutumer : rien n’est plus raisonnable ni plus chrétien ; et de quelque façon que vous le preniez, c’est toujours prendre soin[1] de ma rate ; car la sagesse que vous m’enseignez ne me seroit pas moins salutaire que la joie. Je finis ce discours, non pas que je n’eusse beaucoup de choses à dire, si je voulois vous parler de mes sentiments, mais parce que ce n’est pas la matière d’une lettre.

On dit des merveilles de notre bon pape, et cela retombe en louanges sur le cardinal de Retz. Pour notre archevêque[2], ce sont d’autres merveilles : il vient d’emporter contre les commissaires, qui avoient la conscience plus délicate que lui[3], que le Roi pût mettre des abbesses à plusieurs couvents de filles, surtout aux Cordelières[4] ; et cela commence à s’exécuter avec un bruit et un scandale épouvantable. Les quatre commissaires qui se signalèrent

  1. Lettre 593. — 1. « Avoir soin. » (Édition de 1754.)
  2. 2. De Harlay de Champvallon. Dans l’édition de 1754 : « Pour Monsieur de Paris, »
  3. 3. Les mots : « qui avoient la conscience, etc., » et ceux qui terminent la phrase : « avec un bruit, etc. », ne se trouvent pas dans l’édition de 1734, où la phrase finit à : « cela commence à s’exécuter. »
  4. 4. Les cordelières, ou religieuses de Sainte-Claire et de Saint-François, avaient été établies au treizième siècle rue de Lourcine par la veuve de saint Louis. « Cette abbaye occupait tout l’espace compris entre les rues de Lourcine, Saint-Hippolyte, du Champ-de-l’Alouette, et la Bièvre. » Voyez l’Histoire de Paris par M. Lavallée, tome II, p. 313 et 314. — Il y avait encore le couvent des petites cordelières, alors au Marais, rue des Francs-Bourgeois, et qui fut transféré en 1687 à l’hôtel de Beauvais (aujourd’hui la mairie de la rue de Grenelle). Dans le Dictionnaire de Paris, de Hurtaut et Magny, il est dit que les abbesses des grandes cordelières devinrent en 1629 triennales, de perpétuelles qu’elles étaient jusque-là, et même, « que ce titre fut supprimé en 1674 ; et que des prieures, qu’on choisit tous les trois ans, ont succédé aux abbesses. »