Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/139

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1676 aussi brillante que lui. Cette pauvre convalescente m’a reçue agréablement ; elle vous veut écrire deux mots : c’est peut-être quelque nouvelle de l’autre monde que vous serez bien aise de savoir. Elle m’a conté les transparents : avez-vous ouï parler des transparents ? Ce sont des habits entiers des plus beaux brocarts d’or et d’azur qu’on puisse voir, et par-dessus, des robes noires transparentes, ou de belle dentelle d’Angleterre, ou de chenilles veloutées sur un tissu, comme ces dentelles d’hiver que vous avez vues : cela compose un transparent qui est un habit noir, et un habit tout d’or, ou d’argent, ou de couleur, comme on veut ; et voilà la mode. C’est avec cela qu’on fit un bal le jour de saint Hubert, qui dura une demi-heure : personne n’y voulut danser. Le Roi y poussa Mme  d’Heudicourt à vive force : elle obéit ;

Mais le combat finit faute de combattants[1]

Les beaux justes-au-corps[2] en broderie destinés pour Villers-Cotterets servent le soir aux promenades, et ont servi à la Saint-Hubert. Monsieur le Prince a mandé de Chantilly aux dames que leurs transparents seroient mille fois plus beaux si elles vouloient les mettre à cru sur leurs belles peaux : je doute qu’ils fussent mieux[3]. Les Granceys et les Monacos n’ont point été de ces plaisirs, à cause que cette dernière est malade, et que la mère des Anges[4] a été à l’agonie. On dit que la marquise de la Ferté[5] y

  1. 13. Et le combat cessa faute de combattants.
    (Corneille, le Cid, acte IV, scène iii.)
  2. 14. Voyez tome III, p. 285, note 8.
  3. 15. « Si elles vouloient les mettre à cru ; je doute qu’elles fussent mieux. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
  4. 16. La maréchale de Grancey. (Note de Perrin.)
  5. 17. Marie-Isabelle-Gabrielle-Angélique, dite Mlle  de Touci, née en 1654, troisième fille du maréchal de la Mothe Houdancourt, et