Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/264

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vérité, je n’y vois point de différence ; et ce qui vous surprendra, c’est que je n’en suis point jalouse ; au contraire, j’en ai une joie sensible, et j’en ai mille fois plus d’amitié et d’attachement pour lui.

Je suis persuadée du plaisir que vous auriez à marier votre frère : je connois votre cœur parfaitement, et combien il seroit touché d’une chose si extraordinaire. Celle de n’avoir trouvé de repos[1] et de la santé que dès que vous m’avez quittée, ne l’est pas mal aussi ; mais la sincérité de l’avouer est digne de vous ; et je suis si aise de vous savoir autrement que vous n’étiez ici, que je ne pense pas à vous faire un méchant procès là-dessus. Il me semble que M. de Grignan devroit vous en faire un sur la liberté que vous prenez de blâmer sa musique, vous qui êtes une ignorante auprès de lui. Mon Dieu, que vous allez passer une jolie automne ! que vous êtes une bonne compagnie ! pour mon malheur, je suis persuadée que je n’y gâterois rien ; jugez de l’effet de cette pensée, quand je serai à vingt-deux lieues de Lyon. Adieu, ma très-chère enfant : faites bien des amitiés au Comte, au bel abbé, et à la Garde, qui me sait si bien séduire.


1677

634. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, vendredi 6e juillet.

Par exemple, je crois que ma lettre sera fort courte aujourd’hui[2] ; celle de mercredi ne l’étoit pas ; Mme de

  1. 23. « Du repos.  » (Édition de 1754.} À la ligne suivante, le texte de 1784 a, par erreur sans doute : « ne l’est pas aussi, » sans mal.
  2. Lettre 634 (revue presque en entier sur une ancienne copie). — 1. Dans l’édition de 1734 : « Ma chère fille, je crois que ma lettre