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* 641. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DU COMTE DE GUITAUT À MADAME DE GRIGNAN[1].

Du 22e [août].

de madame de sévigné.

Je n’ai point de lettres de vous, je suis fâchée ; il n’est pourtant question que de les avoir, car je suis bien assurée que vous m’avez écrit ; je crains seulement que vous ne les ayez pas adressées au maître de la poste de Lyon ; on dit que dans toutes ces traverses elles courent grand risque. J’ai appris à M. de Guitaut comme l’Intendant eut des désagréments dans son voyage d’Avignon ; nous voudrions bien savoir s’il avoit fait ce voyage sans l’avoir concerté avec ce vice-légat. À tout hasard, il me paroît que M. des Essarts, avec ses petites jambes, seroit bien mieux proportionné si on lui avoit coupé la tête.


du comte de guitaut.

Enfin, Madame, nous voici tous deux seuls. Ma femme m’a fait faux bond, et s’est fort habilement excusée. Dieu garde de mal celle qui devroit en avoir fait autant ! Nos conversations sont pleines de tendresse et de mépris pour vous. La passion de vous avoir ne se contredit pas de même. Que faites-vous à Grignan ? Songez-vous quelquefois à vos amis ? et la dernière lettre que je vous ai écrite ne vous a-t-elle pas fait repentir de la dureté que vous avez eue pour moi dans la vôtre. Je ne souhaite, je vous assure, guère de choses avec plus d’ardeur que

  1. Lettre 641. — 1. Cette lettre est publiée ici pour la première fois. Elle ne se trouve que dans notre manuscrit. Un ou deux passages peuvent paraître douteux, mais tout moyen de comparaison et de contrôle nous manque.