Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/303

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1677 engagée. Je suis fort de votre avis pour la préférence des fables sur le poëme épique : la moralité s’en présente bien plus vite et plus agréablement ; on ne va point chercher midi à quatorze heures. Cela soit dit pourtant sans offenser le Tasse[1], que je ne puis oublier sans être une ingrate.

Corbinelli me mande qu’il croit que M. de Vardes viendra à Bourbon, qu’il lui mènera sa fille[2], et que je le ramènerai avec cette belle à Paris : cette vision est assez divertissante. Si Vardes passe à Grignan, comme il me le mande, mettez-lui dans la tête de venir à Vichy ; il n’y a que les eaux de la Seine qu’il dût préférer à celles-là. Mais de choisir Bourbon, parce qu’elles sont[3] un peu plus près du but, c’est une folie. Que vous êtes heureuse d’avoir ces nouveaux venus ! qu’ils sont bons chacun en leur espèce ! que je les aime, et que vous me ferez un grand plaisir de les en assurer ! Faites-en bien votre profit, ma très-aimable : ce sont des sources où l’on peut puiser tout ce que l’on veut.

Mme  de Coulanges m’a écrit une grande lettre toute pleine d’amitié et de nouvelles, c’est-à-dire les nonchalances adorables du prince d’Orange, le mariage de la nièce de Mme  de Schomberg, où elle décrit fort plaisamment les vilaines vilenies[4] de cette noce, dont la mariée avoit pensé mourir. Elle dit que le voyage de Fontainebleau est assuré, elle parle de la meilleure santé de

  1. 11. « Cela soit dit pourtant avec la permission du Tasse. » (Édition de 1754.)
  2. 12, Marie-Élisabeth du Bec, fille unique du marquis de Vardes et de Catherine de Nicolaï, était née le 4 avril 1661 ; elle épousa le duc de Rohan le 28 juillet 1678, et mourut le 27 mars 1743.
  3. 13. « Les eaux de Bourbon, parce qu’elles sont, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 14. « Et la description plaisante qu’elle fait des vilaines vilenies. » (Ibidem.)