Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/334

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1677 D’Hacqueville lanterne tant pour la Carnavalette, que je meurs de peur qu’il ne la laisse aller : eh bon Dieu ! faut-il tant de façons pour six mois ? Avons-nous mieux ? Écrivez-lui, comme moi, qu’il ne se serve point en cette occasion de son profond jugement. Nous parlons souvent de vous, le chevalier et moi : nous craignons plus que vous la vivacité de votre esprit, qui vous consume et vous épuise, comme Pascal. Ma fille, si vous saviez comme cette pensée serre le cœur à ceux qui vous aiment, vous nous plaindriez. Le bon abbé prend des eaux[1] pour vider son sac qui est plein, cela s’appelle pour le remplir, et toujours ainsi ; nous avons beaucoup de soin l’un de l’autre. Ces eaux-ci sont salutaires ; M. de Grignan en seroit lavé, et lessivé, et guéri de tous ses maux ; il n’auroit pas mal besoin aussi de vider son sac. Tous les buveurs sont contents de leur santé, et encore plus de la beauté du temps et du pays.

Adieu, ma très-chère et très-aimable : vous ne voulez pas que j’écrive davantage. Ne trouvez-vous pas que c’est une jolie petite chose que d’apprendre au Marquis ce que M. de la Garde lui apprend ? Je voudrais que vous eussiez vu mon petit garçon de la Palisse[2]. Le chevalier vous dira que nous sommes quelquefois en si bonne compagnie, que n’ayant pas assez de temps, nous remettons à Paris à faire nos remèdes.

  1. 9. « Le bien Bon prend les eaux. » (Édition de 1754.)
  2. 10. Voyez ci-dessus, p. 310 et 311, la lettre du 4 septembre. — « …que de voir le Marquis profiter des leçons que lui donne M. de la Garde ? Cela me fait souvenir de mon petit garçon de la Palisse. » (Édition de 1754.)