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1677

667. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 27e octobre[1].

Ma fille, je ne vous ferai plus de questions : comment ? « En trois mots, les chevaux sont maigres, ma dent branle, le précepteur a les écrouelles. » Cela est épouvantable ; on feroit fort bien trois dragons de ces trois réponses, surtout de la seconde. Je ne vous demande point, après cela, si votre montre va bien ; vous me diriez qu’elle est rompue. Pauline répond bien mieux que vous ; il n’y a rien de plus plaisant que la finesse qu’entend cette petite friponne, à dire qu’elle sera friponne quelque jour. Ah ! que j’ai de regret de ne point voir cette jolie enfant ! Il me semble que vous m’en consolerez bientôt, et si vous suivez vos projets, vous partez d’aujourd’hui en huit jours, et vous ne recevrez plus que cette lettre à Grignan. M. de Coulanges est parti ce matin par la diligence pour aller à Lyon[2] ; vous l’y trouverez ; il vous dira comme nous sommes logés fort honnêtement. Il n’y avoit pas à balancer à prendre le haut pour nous deux, le bas pour M. de Grignan et ses filles : tout sera fort bien.

Je recommande à tous vos Grignans, qui ont tant de soin de votre santé, de vous empêcher de tomber dans le Rhône, par la cruelle hardiesse qui vous fait trouver beau de vous exposer aux endroits les plus périlleux : je les prie d’être des poltrons, et de descendre avec vous. Vous ne voulez pas ? eh bien, Dieu vous bénisse ! je n’aurai point de repos que vous ne soyez à

  1. Lettre 667. — 1. Cette lettre est datée du mercredi 3 novembre dans l’édition de 1734
  2. 2. Le reste du paragraphe manque dans l’édition de 1734.