Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/403

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1677 qui : avec M. de Roquencourt, qui sera duc et pair de France, si M. de Saint-Aignan, son beau-frère, n’a point d’enfants, comme les apparences le font croire[1]. Le mariage s’est fait de cette manière : les pères, au coin du feu, contant les perfections de leurs enfants, M. de Saint-Aignan dit : « Nous devrions unir deux personnes si dignes l’une de l’autre. — Je le veux, dit Sanguin, touchez là. » Le chevalier errant[2] donne sa parole, en parle au Roi, et l’on choisit les étoffes de la noce. Ce mariage ne se peut rompre, car il n’y a point d’article, et l’on ne donne pas un sou à la fille[3]. C’est cet agrément qui empêche M. de Saint-Aignan de voir le désagrément de cette alliance, et que sa fille suivra la vieille carcasse de la Sanguin.

Je vis l’autre jour une grande lettre de Monsieur de Marseille à Mme de Vins, qui parle de la manière honnête dont vous l’avez reçu[4], et comme il y a apparence que vous vivrez ensemble en union[5]. Il assure fort aussi qu’il va s’appliquer uniquement aux affaires de son diocèse ; s’il tient parole, vous aurez peu de chose à démê1er : je m’imagine que vous n’aurez point l’ambition de prêcher ni de faire les curés.

  1. 14. Ce beau-frère, qui fut plus tard le duc de Beauvilliers, marié depuis 1671, n’avait eu encore qu’une fille, qui vécut seulement deux ans. Plus tard il lui en naquit huit. Il eut aussi quatre fils, mais ils moururent successivement, et il fit donation de son duché-pairie à son frère.
  2. 15. On appelait le duc de Saint-Aignan le chevalier errant ou le paladin, à cause de son caractère noble et chevaleresque. Voyez tome III, p. 439, 442 et tome I, p. 498, note 2.
  3. 16. Cependant Mme de Scudéry, dans une lettre à Bussy datée du 26 mars 1679, dit que le duc de Saint-Aignan avait donné à Sanguin un brevet de cinquante mille écus sur le Havre, pour le mariage de sa fille.
  4. 17. Il y a reçue au féminin dans l’autographe.
  5. 18. Voyez ci-dessus, p. 378.