Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/445

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1678 réunie à vous, pour ne vous plus quitter. Je vous réponds de la ferme résolution que je prends et que je soutiendrai sur ce sujet, et je vous prie de me répondre de la vôtre, afin que nous concourions également à ce dessein, si bon et si utile pour la paix de notre vie. Vous m’avez mandé mille folies que j’écoute sans y vouloir répondre présentement. Vous pouvez penser que je prendrai mieux mon temps, afin de ne scandaliser personne.

Vous m’avez fait un sensible plaisir de m’apprendre la différence que vous avez trouvée dans les lettres de M. de Louvois. Je me croirois fort heureuse si j’avois contribué à ses douceurs pour vous. Je vous assure que je n’oubliai rien et qu’il lui fut aisé de connoître la vivacité que j’avois sur les accusations injustes qui vous regardent. Je n’ai point encore de réponse à la lettre que je lui écrivis quand il partit[1]. C’étoit quasi pour la même chose, excepté l’article des changements de quartiers, sur lequel j’ai fort appuyé, comme vous l’aurez vu par la copie que je vous ai envoyée ; vous en aurez la réponse dès qu’elle me sera venue. Il trouva plaisant de dire que je l’avois charmé et non pas persuadé ; mais je vois par la suite que je l’ai seulement persuadé, ce qui vaut mieux pour nous. Mon très-cher Comte, vous faites fort bien d’être appliqué à rendre votre régiment tout des meilleurs ; il ne faut pas qu’il soit cassé ; nous avons un petit colonel à mettre à la tête[2] ; ce seroit dommage que nous perdissions cette place. Pour moi, je suis persuadée qu’il sera plus heureux que nous, et que ne pouvant obtenir, ni même espérer des grâces personnelles, nous en aurons pour notre petite créature. Je le voudrois déjà en âge d’une survivance ; il

  1. 4. Louvois était parti le 12 mai pour la Flandre.
  2. 5. Le régiment de Grignan, que commandait alors le chevalier, fut en effet donné, en octobre 1689, au jeune marquis. Voyez, la Notice, p. 291.