Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/567

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1679 autres, car il ne faut point, si vous plaît[1], que cela retourne. Le funeste succès n’a que trop justifié nos discours, et l’on ne peut retourner sur cette conduite, sans faire beaucoup de bruit : voilà ce qui me tient uniquement à l’esprit. Ma fille est touchée comme elle le doit ; je n’ose toucher à son départ[2] ; il me semble pourtant que tout me quitte, et que le pis qui me puisse arriver, qui est son absence, va bientôt m’achever d’accabler. Monsieur et Madame, ne vous fais-je pas un peu de pitié ? Ces différentes tristesses m’ont empêchée de sentir assez la convalescence de notre bon abbé, qui est revenu de la mort.

Je dirai à ma fille toutes vos offres. Peut-on douter de vos bontés extrêmes ? Vous êtes tous deux si dignes d’être aimés, qu’il ne faudroit pas s’en vanter, si l’on avoit un sentiment contraire. J’en suis bien éloignée, et l’on ne peut être à vous plus sincèrement que j’y suis. J’aurois cent choses à vous dire ; mais le moyen, quand on a le cœur pressé ?

Suscription : À Monsieur Monsieur le comte de Guitauld, chevalier des ordres du Roi, à Époisses, par Semur en Auxois.

  1. 5. On lit ainsi si vous plaît, pour s’il vous plaît, dans l’autographe.
  2. 6. Les éditions antérieures à la nôtre ont à ce membre de phrase substitué celui-ci : « je n’ose parler de son départ. »