Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/62

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1676 pensé de Maestricht est arrivé, comme l’accomplissement d’une prophétie[1]. Le Roi a donné ce matin à M. de Roquelaure le gouvernement de Guienne[2] : voilà une longue patience récompensée par un admirable présent.

Tout le monde croit que l’étoile de Mme de Montespan pâlit. Il y a des larmes, des chagrins naturels, des gaietés affectées, des bouderies ; enfin, ma bonne, tout finit. On regarde, on observe, on s’imagine, on trouve[3] des rayons de lumière sur des visages que l’on trouvoit indignes, il y a un mois, d’être comparés aux autres ; on joue fort gaiement, quoiqu’on garde la chambre[4]. Les uns tremblent, les autres se réjouissent, les uns souhaitent l’immutabilité, la plupart un changement de théâtre ; enfin l’on est dans le temps d’une crise d’attention[5] à ce que disent les plus clairvoyants.

La petite de Rochefort sera demain mariée à son cousin de Nangis. Elle a douze ans. Si elle a bientôt un enfant, Madame la chancelière[6] pourra dire « Ma fille, allez dire à votre fille que la fille de sa fille crie. » Mme de

  1. 6. Cette phrase se trouve pour la première fois dans la seconde édition de.Perrin (1754).
  2. 7. A la place du maréchal d’Albret, qui était mort à Bordeaux, le 3 septembre, et non, comme dit Moréri, le 13. Voyez la Gazette du 12.
  3. 8. « On regarde, on observe, on juge, on devine, on croit voir, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 9. Notre manuscrit donne : « quoiqu’on regarde la chambre. » La seconde édition de Perrin (1754) : « quoique la belle garde sa chambre. »
  5. 10. Tel est le texte de notre manuscrit et de toutes les impressions, jusqu’à la seconde édition de Perrin (1754) qui a ajouté le mot digne ; « Voici le temps d’une crise digne d’attention, s’il en faut croire les plus fins. »,
  6. 11. La chancelière Seguier était l’arrière-grand’mère de la petite de Rochefort.