Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/68

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1676 bonne compagnie[1] : il est admirable pour tout cela. J’admire que le jésuite se livre comme il fait, ayant nos frères les jansénistes pour auditeurs, qui tout d’un coup le relèveront de sentinelle, alors qu’il y pensera le moins : c’est de son côté que le ridicule penche[2].

Ah ! ma fille, que vous auriez bien fait votre profit d’un P. le Bossu[3]qui était hier ici ! c’est le plus savant

    Doutes proposés par un gentilhomme. Ménage ne se tint pas pour battu, mais il publia le 30 juillet 1676 la seconde partie de ses Observations sur la langue françoise précédées d’un Avis au lecteur dont le P. Bouhours seul fait les frais. Il nous suffira d’en citer quelques lignes pour justifier les mots de furie et de guerre plaisante qu’emploie ici Mme de Sévigné : " Le R. P. Bouhours a écrit, dans ses Remarques, contre la première partie de ces Observations avec une fureur indigne d’un prêtre et d’un religieux ; car il ne s’est pas contenté d’attaquer de toute sa force plusieurs endroits de mes Observations et de les tourner en ridicule, il m’a attaqué dans ma personne avec emportement. » Plus loin, après avoir reproché à son ennemi, comme il l’appelle, de l’avoir diffamé par toute l’Europe, Ménage s’écrie :

    Les prêtres de Jésus ont-ils tant de courroux ?

    Enfin il termine en déclarant qu’il y va de l’intérêt public « de punir l’insolence de ce petit grammairien en langue vulgaire, » et en lui refusant tout jugement et toute érudition. — Voyez la Notice, p. 27.

  1. 8. Voyez la lettre des 11 et 12 août précédents, p. 18.
  2. 9. Cette phrase, qui se trouve dans notre manuscrit, et avec quelques variantes dans l’édition de 1754, manque à celle de 1734. — Dans la seconde édition de la première partie de ses Observations, Ménage s’efforce déjà de ranger de son côté les savants écrivains dont il est ici parlé : « L’aversion, dit-il, qu’il (le P. Bouhours) a pour ces messieurs de Port-Royal, qu’on appelle jansénistes, et la passion qu’il a pour M. de Vaugelas, lui ont… fait reprendre et soutenir plusieurs choses qui ne devoient être ni reprises ni soutenues.
  3. 10. René le Bossu, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, auteur d’un excellent traité sur le Poème épique. (Note de Perrin.) — Voyez les lettres du 18 septembre et du 3 octobre suivants, p. 68 et 87. Né à Paris en 1631, le Bossu, chanoine régulier et longtemps professeur d’humanités, puis bibliothécaire à Sainte-Geneviève, mourut le 14 mars 1680 dans l’abbaye de Saint-Jean de Chartres, dont il avait été nommé sous-prieur. On a de lui outre son traité du Poëme