Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/81

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aimoit mieux son cousin ? M. de la Garde aura sur la conscience tous ces mariages : il y en aura bien d’autres, et d’Hacqueville, le sage d’Hacqueville, sera bien heureux s’il en échappe[1].

Vous ne voulez pas ma chère fille, que je vous écrive de grandes lettres : pourquoi donc ? C’est la chose du monde qui m’est la plus agréable, quand je ne vous vois point. Vous me menacez de me les renvoyer sans les lire ; j’aurois grand regret d’en payer le port : elles sont pleines de tant de bagatelles, que j’ai quelquefois regret que vous le payiez vous-même ; mais pour m’ôter cette peine, venez, venez me voir, venez m’ôter la plume des mains, venez me gouverner, me reprocher tous mes morceaux : voilà le moyen d’empêcher mes volumes, et de me donner une parfaite santé.

Adieu, ma très-chère : ne soyez point en peine de cette méchante écriture ; c’est que j’ai une plume de chien, dont le monde chez moi fait réponse à tous les billets.


582. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 25e septembre.
chez Mme de Coulanges.

En vérité, ma fille, voici une pauvre petite femme bien malade : c’est le onzième de son mal, qui lui prit à Chaville en revenant de Versailles. Mme le Tellier[2] fut

  1. r4. Cette phrase a été supprimée dans l’édition de 1754, qui ne donne pas non plus le dernier alinéa de la lettre.
  2. Lettre 582. — 1. Elisabeth Turpin, fille de Jean Turpin, seigneur de Vauvredon. Elle mourut le 28 novembre 1698, « à plus de quatre-vingt-dix ans, ayant conservé sa tête et sa santé jusqu’à la fin,