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de votre santé, que je ne sais plus que vous dire. Dieu vous conserve cette attention dont vous sentez l’effet ! Si vous en aviez eu ici une petite partie, nous aurions bien abrégé des discours. Celui que vous me faites de Mme de Coulanges, et de son chagrin contre la Fare, à qui elle fait la mine, disant qu’il l’a trompée[1], seroit admirable à lui montrer, accompagné de l’envie que vous avez d’apprendre de ses nouvelles, si vous n’aviez point dit votre avis si franchement du goût de Mme de Villars[2] : cet endroit me fera cacher l’autre, qui l’auroit fort réjouie. Je vous prie de me reparler d’elle, car elle ne cesse de me prier de vous faire mille compliments ; elle veut voir les endroits où vous parlez de votre santé ; elle y prend intérêt, et à son petit bon ami : il faut rendre tout cela. Je ne sais quelle disparate je vais faire, en vous disant que la Trousse n’est point encore revenu ; je suis bien trompée, ou c’est un péché qu’il fait contre les idées de l’amour, des plus gros qu’il se fasse. Mon Dieu, qu’il y a de folies dans le monde ! TI me semble que je vois quelquefois les loges et les barreaux devant ceux qui me parlent ; et je ne doute pas aussi qu’ils ne voient les miens. Le bon abbé[3] est dans la sienne, c’est-à-dire sa loge, avec le plus gros rhume du monde ; cette longueur m’inquiète quelquefois ; il seroit bien planté aux Rochers ! Il comprend la dépense du souper ; elle est considérable, surtout n’ayant point de maître d’hôtel qui sache mé-

  1. 38. Mme de Coulanges ne pardonnait pas à la Fare d’avoir préfère la bassette à Mme de la Sablière. (Note de l’édition de 1818) — Voyez la lettre 751, p. 79 et 80 de ce volume, et plus loin, celle du 24 janvier 1680.
  2. 39. « Si vous n’aviez point dit si franchement votre avis du goût de Mme de Villars pour elle. » (Édition de 1754.)
  3. 40. Cette phrase sur le bon abbé n’est pas dans le texte de 1754, et la fin de l’alinéa, à partir de : « il comprend la dépense, » ne se trouve pas ailleurs que dans notre manuscrit.