Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/134

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1679 divine Providence ? Sans cela il faudroit se pendre cinq ou six fois par jour. Je n’en suis pas moins sensible, mais j’en suis bien plus résignée. Notre pauvre ami est donc à Pompone ; cet abord a été dur : il a trouvé cinq garçons tout d’une vue, qui à mon sens font tout son embarras. La solitude est meilleure pour les commencements de ces malheurs. Je l’ai senti pour celui de la séparation de ma fille. Si je n’avois trouvé notre petit Livry tout à propos, j’aurois été malade : j’avalai là tout doucement mon absinthe. M. de Pompone et sa famille, et Mme de Vins, font tout de même ; quand ils reviendront ici, il n’y paroîtra plus. Si les accablements de bonheur de MM. de la Rochefoucauld ne vous consolent[1] point de la chute de M. de Pompone, croyez aussi que ce dérangement dans le ministère ne console point un autre ministre[2] de la paix.

Ah ! que nous aurions grand besoin de faire un petit voyage en litière, seulement jusques à Bourbilly ! En attendant, nous vous apprendrons les magnificences du mariage de Monseigneur le Dauphin, et l’habile conduite de celui de Mlle de Vauvineux, qui fut, comme vous savez, très-bien mariée la nuit de samedi à dimanche, à Saint-Paul, avec M. le prince de Guémené. Le secret a été gardé en perfection ; le Roi étoit de cette confidence. Les raisons qu’il avoit de l’improuver ayant cessé, il a changé aussi, et signé le contrat. Enfin rien n’a manqué à ce mariage, que de battre le tambour, d’être en parade sur le lit, et d’avoir des habits rebrochés d’or et d’azur ; car pour princesse de Guémené, on ne peut pas l’être davantage, ni toute la maison de Luynes plus ébobise[3] et

  1. 4. Mme de Sévigné a, par inadvertance, écrit console, au lieu de consolent.
  2. 5. Louvois voyez p. 99, note 36, et p. 136.
  3. 6. Tel est le texte de l’autographe, qui cinq lignes plus bas donne un espèce, pour une espèce.