Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/150

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1679 à Madame de Savoie[1] en forme de sapate[2], et dont Mme de la Fayette a pris tout le soin et donné le dessin[3]. Vous savez que Madame Royale ne souhaite rien tant au monde que l’accomplissement[4] du mariage de son fils avec l’infante de Portugal ; c’est l’évangile du jour[5]. Cet écran est d’une grandeur médiocre : du côté

  1. 26. Marie-Jeanne-Baptïste de Savoie-Nemours, mère de Victor-Amédée-François, duc de Savoie, depuis roi de Sicile en 1713, et roi de Sardaigne en 1720. (Note de Perrin.)
  2. 27. « On appelle sapate un présent considérable donné sous la forme d’un autre qui l’est beaucoup moins, un citron par exemple, et il y a dedans un gros diamant : cela se pratique en Espagne et en Italie. » (Note du manuscrit autographe des Chansons de Coulanges.) — Sapate est le « nom d’une espèce de fête en usage parmi les Espagnols, qui la font le 5e décembre, veille de la Saint-Nicolas. La cérémonie du sapate consiste à faire à ses amis des présents, sans qu’ils sachent d’où ils leur viennent, et de les surprendre agréablement en les leur faisant trouver dans leurs maisons, sans qu’ils sachent d’où ni comment ils sont venus. Le sapate a passé en Savoie, où Catherine d’Espagne, femme de Charles-Emmanuel Ier, l’introduisit. » (Dictionnaire de Trévoux.)
  3. 28. « A pris tous les soins et donné le dessein. » (Édition de la Haye, 1726.)
  4. 29. « Que Madame de Savoie ne souhaite au monde que l’accomplissement, etc. » (Édition de 1754.)
  5. 30. Louis XIV, dit M. Henri Martin (Histoire de France, tome XIIÏ, p. 583 et 584), avait songé à « compléter notre frontière naturelle du sud-est par la réunion de la Savoie et à déborder par delà cette frontière sur l’Italie, déjà entamée par la possession de Pignerol. Après la mort du duc de Savoie Charles-Emmanuel II, en 1675, une habile combinaison avait été préparée… Louis avait négocié le mariage du nouveau duc, le jeune Victor-Amédée II, avec l’héritière de Portugal. Dans le cas où Victor— Amédée parviendrait au trône de Portugal, Louis comptait l’amener à céder la Savoie et peut-être le Piémont à la France. Déjà les fiançailles avaient été célébrées (mars 1681), et le jeune duc, à l’instigation de Louis, allait partir pour Lisbonne, d’où Louis espérait le détourner de revenir jamais, quand des seigneurs piémontais soulevèrent le peuple contre l’abandon de son prince, et persuadèrent à Victor-Amédée et à sa mère, qui gouvernait sous son nom, de renoncer à cette royale