Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/225

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1680 pensa[1] fondre en larmes ; elle s’en alla, et une heure après qu’elle fut sortie, il vint[2] un ordre de le mettre dans une des horribles chambres grillées qui sont dans les tours, où l’on voit à peine le ciel, et défense de voir qui que ce fût. Voilà, ma fille, un grand sujet de réflexion. Songez à la fortune brillante de cet homme, où il ne manquoit plus rien, à l’honneur qu’il avoit eu de commander les armées du Roi, et le voilà[3]. Songez ce que ce fut pour lui que d’entendre fermer ces gros verrous ; et s’il a dormi par excès d’abattement, songez au réveil[4]. On ne croit pas qu’il y ait du poison à son affaire[5], mais tant d’autres sottises, qu’il ne peut jamais reparoître dans le monde après un tel malheur. Cette charge[6] sortira de sa maison, et sera donnée. J’en parlois tantôt avec M. de la Rochefoucauld ; il me disoit que vous m’envoyassiez à tout hasard une lettre de M. de Grignan pour son fils[7] ; au cas que le Roi ne veuille pas un homme


    avec le comte d’Auvergne. Voyez la Correspondance de Bussy, tome IV, p. 226, et dans notre tome V, p. 498, la lettre du 24 novembre 1678.

  1. 24. « Mme de Meckelbourg vint l’y voir, et pensa, etc. » (Édition de 1754.) — Mme de Mecklenbourg était sœur du maréchal de Luxembourg. Voyez tome I, p. 406, note 2.
  2. 25. « Il arriva. » (Édition de 1754.)
  3. 26. Cette phrase manque dans l’édition de 1734. Dans celle de 1754 elle est jointe à celle qui suit : « Songez à la fortune brillante d’un tel homme, à l’honneur qu’il avoit eu de commander les armées du Roi, et représentez-vous ce que ce fut pour lui d’entendre, etc. »
  4. 27. « Pensez au réveil. (Édition de 1754.)
  5. 28. Dans les deux éditions de Perrin : « Personne ne croit qu’il y ait du poison à son affaire. » Ce qui suit, jusqu’à la dernière phrase de l’alinéa : « Je vous assure, » ne se lit que dans notre manuscrit ; cette dernière phrase elle-même, qui est dans l’édition de 1754, manque dans celle de 1734.
  6. 29. De capitaine des gardes. Son successeur fut le maréchal de Villeroi, en 1695.
  7. 30. Le prince de Marsillac.