Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/240

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1680 Vous n’avez qu’à lui demander s’il en est persuadé : il m’a donné la main jusqu’à cette porte. — Mais pourquoi


    six chevaux à son carrosse, et, y étant, il fut proposé par quelqu’un d’aller voir cet homme qui étoit chez la Voisin, et, y étant allés de compagnie, elle répondante demanda à ladite Voisin si l’homme dont elle lui avoit parlé étoit chez elle, et ladite Voisin lui ayant dit qu’il y étoit, elle fit venir un homme, qu’elle répondante a su depuis s’appeler le Sage, dans un cabinet où M. de Vendôme fut lui parler ; et, ledit le Sage lui ayant dit qu’il ne pouvait faire ce qu’il savoit qu’en la présence d’une seule personne, ledit sieur duc de Vendôme le vint dire à elle répondante, qui lui dit qu’étant venue audit lieu, elle vouloit avoir part et être présente à ce que ledit le Sage proposoit de faire… Et en effet, étant passée au lieu où étoit ledit le Sage, elle lui demanda ce qu’il savoit faire d’extraordinaire, et ledit le Sage lui ayant dit qu’il feroit brûler en sa présence un billet, et qu’après cela il le feroit retrouver où elle voudroit, et elle répondante lui ayant dit sur cela qu’il n’en falloit pas davantage, ledit le Sage lui dit qu’il falloit écrire quelques demandes ; sur quoi M. le duc de Vendôme en écrivit deux, dont l’mie étoit pour savoir où étoit alors M. le duc de Nevers, et l’autre si M. le duc de Beaufort étoit mort : lequel billet ayant été cacheté, ledit le Sage le lia avec du fil ou de la soie, et y mit du soufre avec quelques enveloppes de papier ; après quoi M. de Vendôme prit ledit billet, qu’il fit brûler lui-même en la présence d’elle répondante, sur un réchaud, dans la chambre de la Voisin, et après cela ledit le Sage dit à elle répondante qu’elle retrouveroit ledit billet brûlé dans une porcelaine chez elle, ce qui n’arriva pas néanmoins. Mais deux ou trois jours après ledit le Sage vint chez elle répondante, et lui rapporta ledit billet, ce qui la surprit extrêmement, et de le voir cacheté comme il étoit, et au même état que lorsqu’il fut remis audit le Sage. Se souvient elle répondante, qu’en sortant de chez ladite Voisin, elle donna une pistole à ladite Voisin, et M. de Vendôme une pistole audit le Sage ; et elle répondante ayant fait le récit à M. de Vendôme et auxdits sieurs de Ruvigny et de Chaulieu dudit billet que le Sage lui avoit rapporté, ils eurent peine à le croire, et dirent que cela ne pouvoit être, et qu’il falloit obliger ledit le Sage d’en brûler un autre, et de le retrouver ; ce qui obligea elle répondante d’envoyer chercher ledit le Sage, qui vint chez elle, et où il fut écrit un autre billet par quelqu’un de ceux qui y étoient la première fois, dans lequel billet ledit le Sage dit qu’il falloit mettre deux pistoles pour les sibylles, lesquelles lui furent données, et le billet fut ensuite brûlé comme la